Nous venons de choisir une belle voiture, plutôt dynamique, et se pose la question de la motorisation… Puissance ? Essence ? Diesel ? Electrique ?

Eh bien pour un voilier c’est un peu la même chose …. en plus compliqué !

Car si le carburant de la voiture est constant, celui de notre voilier dispose de deux paramètres imaginatifs pour nous compliquer la vie : sa force et sa direction.

Imaginez si nous étions tout le temps avec un vent de force 3-4, à 130° du cap…..

Je ne vais pas vous faire la théorie qui permet d’expliquer comment le vent permet de propulser le voilier. Mais retenons ceci :

  • aux allures du près serré au grand largue, le vent s’écoule de manière laminaire de part et d’autre de la voile comme sur une aile d’avion, mais le vent qui circule sur l’extrado (la partie externe de la voile)  va plus vite que celui qui circule dans l’intrado (partie interne de la voile). A l’extérieur de la voile se  crée une dépression et à l’intérieure une pression. Le facteur propulsif le plus important est la dépression qui s’opère à l’extérieur de la voile.
  • au vent arrière, il n’y a plus d’écoulement laminaire mais une poussée simple du vent sur la voile, avec un mode turbulent sur l’extrado et si on doit comparer à l’avion, il faut se référer au Concorde lorsqu’il atterrit avec cette attitude caractéristique trés cabrée pour se freiner, et seule la portance sur l’intrado de la voilure le sustend.

Enfin pour corser un peu le sujet, il y a pour une régime de vent donné, des qualités de moteurs différentes. Je veux parler de la coupe des voiles et des matériaux utilisés.

Donc il faut réfléchir en fonction du budget, du programme et des capacités de chacun pour déterminer un choix de voile pour notre Mojito 888.

La base :

Il faut une grand-voile et une voile d’avant.

Le Mojito 888 a été conçu avec un gréement comportant une grand-voile et un foc auto-vireur. Le centre vélique est alors en cohérence avec le centre de carène et de dérive pour disposer d’un bateau équilibré : c’est le boulot de l’architecte de définir cela, merci Pierre !

Maintenant, et compte tenu des programmes usuels du Mojito 888, nous proposons avec la voilerie Incidences, pour les voiles plates, deux niveaux de qualité :

    • D1 : il s’agit de voiles réalisées en tissé Polyester haut de gamme (type Dacron®) , avec une coupe cross-cut. Il s’agit d’un tissage enduit, généralement blanc, qui est ce que l’on retrouve sur 80 % des voiliers. Il a des caractéristiques mécaniques qui font que les coupes de voiles sont en laizes horizontales.

 

    • D2 : il s’agit ici de voiles réalisés en composite Polyester avec taffetas de protection, dont les caractéristiques mécaniques permettent des coupes plus évoluées pour les voiles (bi-radiales ou tri-radiales). Ce matériau a également une meilleure tenue dans le temps. Incidences a retenu le DCX  de chez Dimension Polyant.

La grand-voile :

Pour la grand voile, il est possible de choisir une grand voile classique (avec des lattes sur le rond de chute) ou une grand voile entièrement lattée (on parle de full-batten).

Si vous n’avez pas de volonté régatière, choissisez la grand voile fullbatten : plus simple à mettre en oeuvre, plus stable, certes un peu plus lourde, mais au final plus performante.

Enfin n’oubliez pas qu’il s’agit là du moteur principal de votre voilier : le D1 assurera sa mission mais il sera, du fait de la coupe, un peu moins performant que le D2 et à l’usage il se déformera, chose que le D2 ne fera pas.

Le foc auto-vireur :

Le raisonnement tenu pour la grand voile sera le même pour le foc autovireur.

Au début de la commercialisation du Mojito 888, on a aussi proposé un génois qui comporte plus de recouvrement et permet de donner un peu plus de puissance dans le petit temps au Mojito 888. Ceci implique l’ajout de rails de génois.

Mais en fait si le foc auto-vireur est parfait à partir de 10 – 12 nds de vent, le génois ne permet pas de proposer suffisamment de surface dans le petit temps et comme le Mojito 888 est un voilier puissant, il fallait trouver une autre voile pour naviguer plus efficacement au près dans le petit temps.

L’arme absolue au près :

A la demande du propriétaire d’un Mojito 888 qui navigue sur le lac de Constance (merci Roland !), nous avons développé un Code 0 pour le Mojito 888. C’est d’une efficacité remarquable dans le petit temps… Plus de détails plus loin dans ce post.

Les voiles de  portant

Dans ce domaine le choix est vaste… et au fur et à mesure que l’on va s’écarter du vent, on va parler de Codes et de Spis, asymétriques ou symétriques.

Les codes :

Les codes sont des voiles à guindant libre et que l’on utilise avec un emmagasineur. On peut distinguer 3 types de Code :

    • Les codes (C0, C3, C5)
      • Pour le Mojito 888 nous avons retenu le Code 0, génois léger de forme plate et d’un grammage assez léger. C’est une voile idéale pour du près dans le petit temps (moins de 11 kn entre 30 et 60° du vent apparent). Le code 0 est réalisé en composite Mylar.
    • le Genaker polyvalent (GK) est optimisé pour servir dans des conditions de vent allant de 0 à 25-30 nds. Grammage moyen à lourd en stormlite (Contender). C’est la voile de portant facile polyvalente.
    • le Genaker de portant (GK P) est optimisé pour les allures de largue dans du vent médium. Forme assez creuse, d’un grammage moyen en stormlite (Contender).

Nous avons déjà parlé du Code 0, arme absolue au près dans le petit temps, qui complète idéalement le foc auto-vireur.

Pour ceux qui ne souhaitent pas utiliser un spi pour le portant, nous conseillons alors le Genaker polyvalent ou, si le Code 0 a été retenu, le Genaker de portant.

Les spis :

Les spis, qu’ils soient symétriques ou asymétriques, se déclinent en 4 variantes en fonction de leur plage d’utilisation.

Pour les Mojito 888, nous avons retenus des spis symétriques S2 ou asymétriques A2, qui sont plus destinés aux allures de grand largue.

Quel type de spi choisir ?

Vaste question… qui relève presque de la philosophie…

    • Si on ne regarde que la performance, le spi symétrique est sans doute la solution. Quoique….
    • Si on regarde la facilité de mise en oeuvre, alors le spi asymétrique l’emporte haut la main : pas de tangon, pas de halebas ou balancine de tangon, empannage simplifié…

Le point faible du spi asymétrique est le vent arrière qui est une allure impossible à tenir avec cette voile. Seul le spi symétrique permet cela.

Mon point de vue :

    • Le spi symétrique s’impose pour un programme de régate.
    • Autrement optez pour le spi asymétrique.

Alors quel jeu de voiles pour mon Mojito ?

La croisière tranquille :

Base : Grand voile lattée D1 – foc autovireur D1  – genaker GK

Bonus : un spi asymétrique A2

La croisière dynamique :

Base : Grand voile lattée D2 – foc autovireur D2 – spi asymétrique A2

Bonus : un code 0

Super bonus : un genaker de portant (GK P)

 

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8 commentaires

  1. Le principal problème d’un spi est son affalage en urgence lors du passage d’un grain par exemple
    J’affale seul par 25 noeuds de vent un symétrique au grand largue en lâchant le bras. Par contre un asymétrique est beaucoup plus bas, et croche plus facilement dans l’eau.

  2. On arrive vraiment à faire du près serré avec un code 0 ? il faut le rouler pour virer ?
    J’ai un génois sur mon malango 888 et c’est ma voile préférée jusqu’à 18 kt environ (avec un ris ). Mais j’ai hâte de pouvoir le dérouler.

    • Oui le code 0 permet de faire du près serré. Il est conçu pour cela sur le Mojito 888. Pour le virement, (on est dans moins de 10 nds de vent), on est pas obligé de le rouler. Il est moins grand qu’un génaker (30 m2).
      Nous avons tous envie de naviguer… cela démange en effet… soyons encore un peu patients !

  3. Le code 0 permet de remonter à 35° du vent apparent sans problème et au dessus de 5 nds de vent , j’enroule systématiquement la voile pour le virement
    Ce qui me semble être la manœuvre la plus rapide.
    Sinon spi asymétrique avec chaussette , c’est très ergonomique en solo http://blog.idbmarine.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_good.gif

  4. Bonjour,
    quelle configuration conseilles tu quand le vent monte?
    Jusqu’à 17 noeuds autovireur et gv haute
    17 – 23 noeuds auto vireur et 1 ris
    24 – 30 noeuds auto vireur et 2 ris
    Au dessus de 30 je ne sais plus trop le mode d’emploi! Rouler de l’autovireur?

    Autre question pour le spi, quand faut il prendre un ris dans la GV?

    • Bonjour
      Perso je suis plutot – au pré – sur :
      05 – 12 noeuds Code 0 – GV haute
      12 – 18 noeuds auto-vireur et GV haute
      18 – 25 noeuds auto vireur et 1 ris
      25 – 35 noeuds auto vireur et 2 ris
      Au dessus de 35 : GV à deux ris.

      Grand largue (130 – 160 °) sous spi, cela dépend si la mer est gérable. J’aurais tendance à garder la GV haute.
      Largue, si la mer est agitée, prendre un ris permet de réduire le risque de partir au lof.

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