Porto Pedro Negras / Podova 87Mn.
Le départ très tôt de ce charmant petit port, 50 anneaux tout au plus, un abri mignon, attachant comme on les aime. Grand Voyou s’est extrait sans bruit dans le matin frais. Nous sommes partis traçant derrière nous une ligne éphémère sur ce miroir d’eau. La météo prévoyait pétole, le reservoir et les nourrices de gasoil étaient pleins mais nos estomacs vides.
Nous entamons un petit déjeuner en extérieur tout en traversant le Ria de Ponté Vedra, nous louvoyons entre les îles qui semblent encore endormies mais se reveillent elles vraiment ? Nous sommes sur la plus belle des terrasses qui soit.
En sortant du Ria, nous retrouvons un filet d’air , le temps est couvert mais la température douce. Nous déroulons le genaker en soutien du moteur. Vigo regarde passer ce drôle d’équipage, nous sommes seuls sur l’eau à l’exception de quelques petits pêcheurs. J’imagine quelques curieux à leur fenêtre nous regarder passer depuis la côte…
Le vent du nord se lève tout doucement, la houle est encore présente mais plus modérée lorsque l’on reprend le large . La Grand voile est installée en ciseaux avec le genaker , une configuration confortable qui nous permet un cap direct.
Nous descendons avec cet attelage voile moteur et ce n’est qu’en début d’après midi que nous demandons à Monsieur Yanmar ( notre moteur) d’aller faire la sieste . Il restera silencieux jusqu’à l’arrivée.
Le vent forcit progressivement de 11 à 20 Nds , nous avons abandonné le ciseaux pour empanner et tirer des bords de vent arrière.
Faire passer le genaker d’un bord à l’autre pendant l’empannage tout en restant dans le cockpit est une manœuvre que Benedicte et moi maîtrisons maintenant très bien. Nous l’avons même fait par 20 nds de vent, une première !!!
L’étape est Marathon ; les dernières heures sont interminables. Nous louvoyons entre des centaines de palangrotes depuis une heure essayant de conserver notre cap. Juste avant de rentrer au port alors que nous avions remis le moteur en route, nous entendons un bruit sous la coque, malgré nos précautions, nous avons accroché une palangrote…
Nous la tractons quelques secondes priant pour que le bout ne se prenne pas dans l’hélice. On met au point mort puis une délicate marche arrière nous libère de ce piège. On a eu chaud ; je n’avais pas très envie de plonger dans l’eau froide, le couteau entre le dents pour en découdre avec un bout pris dans l’hélice.
Il est 21 h, heure du Portugal (il y a une heure de décalage avec l’Espagne). Le pavillon espagnol avait été affalé provisoirement au profit d’un pavillon portugais flambant neuf. Il flottait fièrement depuis quelques heures sous notre barre de flèche tribord.
Nous pénétrons enfin dans la marina moderne mais quasi déserte de Podova. Cette station balnéaire située à 15 Mn au nord de Porto, se présente comme un immense front de mer en béton très touristique et assez désertique en cette saison. Immeubles, route littorale, plage jonchée de bars de nuit et de club de plage. Derrière cette façade d’apparat se love un centre ville plus bucolique.
Des rue pavées de porphyre, des boutiques sans véritable vitrine que l’on découvre au fur et à mesure de notre progression. La marina est loin de tout et c’est l’occasion d’utiliser nos trottinettes.
Elles nous facilitent l’avitaillement, la découverte d’un sympathique marché et de refaire le plein de gasoil. La station service du port étant Hs.
Les Portugais nous regardent avec curiosité ; un couple de quinca en trottinette, sac à dos et nourrice rouge en bandoulière , qui cahotent sur les pavés…
Mais revenons sur notre appontement, tout était prêt: 6 amarres et 6 pare-battages à poste. Pas de Bosco mais une place libre, large et face au vent. À priori tout se présente bien ! Cependant une plaisancière se propose pour aider à l’amarrage ce qui perturbe un peu nos automatismes…Je suis à la manœuvre, Bénédicte une amare à la main, sur tribord , accrochée au hauban, en stand by , prête à sauter sur le ponton. J’annonce à Bénédicte: « vas y, quand tu peux »… elle n’a sûrement pas compris ni entendu la deuxième partie de la phrase…!!! En effet dans la seconde qui suit, voici ma Bénédicte qui se baigne dans l’eau du port profitant des 50 cm d’espace entre Grand Voyou et le ponton. Avec l’énergie du désespoir, elle finit pas se hisser sur le ponton. Je la retrouve meurtrie et toute mouillée !!! Elle s’en tire avec une jolie frayeur et un énorme hématome de 20 cm de diamètre derrière la cuisse.
Moralité, trop d’anticipation tue l’anticipation !!!
La marina est un bel exemple d’une parfaite gabegie. Les installations sont démesurées ne répondent à aucun besoin. L’entretien n’est plus assuré depuis bien longtemps, le personnel trop nombreux est totalement inefficace. Son positionnement excentré par rapport à la ville et son surprenant accès par la zone de technique de carénage s’ajoutent à la liste des aberrations.
Un exemple de ces inepties: les accès aux portes des toilettes et des passerelles se font par reconnaissance digitale ; mais si vous arrivez après 18h c’est un vigile qui vous accompagnera faire votre pipi.
Ces portes à ouvertures digitales sont couplées à des vérins qui poussent à grand peine de magnifiques portes en inox. Cependant 20 secondes seront nécessaires pour les entrouvrir, une éternité. Le progrès oui mais pour quel avantage ?
La maison de la Bacalao nous reçoit pour un repas gargantuesque, heureusement que nous avions commandés qu’une demie-dose; impossible de venir à bout de portions gigantesques. Le long retour en trottinette par le frond de mer nous fera digérer.
Bref après une nuit au calme nous larguons les amarres en direction de Figuera del Foz.
À bientôt pour de nouvelles aventures Bénédicte et Jean Michel !
2 commentaires
reportage particulièrement sympathique.
Merci beaucoup Bénédicte et Jean Michel (ainsi que Denis et Pascal)
Marc N (Mojito 888 n°9)
Début d’aventure anecdotique, j’ai apprécié la lecture accompagné de mon café matinal. On voyage aussi. C’est ça la famille des malangos, non seulement se sont de supers bateaux mais derrière il y a une superbe équipe qui assure.
Merci encore à Pascal et à Denis.
Bonne continuation
Pascal
Seasun malango 8.88 n• 4