Je laisse la parole à Pascal qui a raconté sa Transquadra…. avant une petite vidéo pour résumer.

Ça y est c’est fait, Seasun a franchi la ligne d’arrivée du marin le jeudi 17 février à 7h34 fr, comme à son habitude en toute discrétion. Contrat rempli.

Le départ fut donné le 29 janvier de Funchal dans une belle journée avec un vent au portant de 15, 18N. Tous les spis ont été envoyés, c’était un super et beau départ, aussi bien pour les skippers que pour les spectateurs.
Au passage de la bouée de dégagement, je n’avais pas encore pris mon option : sud ou nord. Si je prenais la décision de suivre la majorité des bateaux qui partaient vers le Nord, vu qu’ils sont plus rapides que moi c’est mort je me serais fait distancer rapidement. Le vent me portant plein ouest, je me suis dit : ”tout ce qui sera pris ne sera plus à prendre et c’était parti” !
Toute la nuit jusqu’au dimanche 30, je suis resté sous spi jusqu’à 4h du mat où je fus cueilli soudainement par mon premier orage des alizés. Debout face à la descente, les yeux rivés sur le speedo, les chiffres montent à une vitesse phénoménale tout en recevant une pluie battante d’une force jamais rencontrée. Quand je vois que je suis déjà à plus de 32 knts de vent réel sous mon spi médium, j’ai peur pour lui. Après quelques secondes de panique et partant au lof dans un surf de plus de 16 knts, je choque le bras. Impossible de l’affaler, le spi fasseye dans un fracas impressionnant. Je choque la drisse, Seasun se redresse. Il ne reste plus qu’à remonter le spi trempé. Dans cette manœuvre, la PLB fixée à mon harnais m’écrase les côtes flottantes dans une douleur vive. Au moment où j’écris, j’ai toujours cette douleur. Je ne vous explique pas quand je tousse, j’suis obligé de contracter les abdos et impossible de m’allonger sur le dos.

De plus le jeudi 27 janv. je suis contrôlé positif à la covid donc symptômes, toux et éternuements pour arranger tout ça. Voilà le ton est donné et ça commence bien.

Toute la journée du 31 je reste GV + J2 dans un vent d’une moyenne de 20 à 25 noeuds jusqu’à 18h où je renvoie le spi après un long séchage.

Mercredi 1er Février, j’affale le spi car je rentre dans une pétole jusqu’au jeudi 3 mars. Je profite de ce moment pour refaire le plein d’énergie. Le vent remonte 8 à 12 N. et je renvoie le spi après quelques petites réparations minimes jusqu’au samedi 5 qui fut depuis le départ ma meilleure journée. Je tiens à remercier Yves car dans une de nos discussions avant de partir , on parlait de la position du tangon qui permettait de bien remonter au vent. Effectivement, à la réception de fichiers pos, ma vitesse était la meilleure des solos. Rassurez-vous ça a été la seule fois. Dans l’après midi nouvel orage, le bateau repart au lof. Je choque et j’affale et je souffle. 22h50 nouveau coup de vent, pas le temps de choquer l’écoute GV. Seasun lofe, le palan se prend dans la barre. En reprenant le contrôle du bateau, je comprends de suite que mon pilote est déréglé. Un coup d’œil dans le coffre, le résultat est sans appel. Les bras du pilote sont complètement dans tous les sens. Le vent se situe entre 25, 27 N. Je décide d’affaler la GV. Le J2 se met à contre. Le bateau est plus ou moins stable. Il est 22h50. Récupération de la caisse à outil. Je transpire comme un bœuf. La gorge est sèche. Dans un premier temps, je fixe la barre dans l’axe du bateau. Je remets les bras dans l’axe et je resserre le tout. Maintenant il faut reprogrammer le pilote. Le réglage se faisant à quai, je galère comme pas possible. Tilt…. je récupère 2 sandows qui me permettent de bloquer la barre plus facilement. Je reprogramme le capteur d’angle et maintenant il ne me reste plus qu’à faire le test rudder, l’étape la plus délicate. Après plusieurs tentatives : test rudder réussi. Après des hurlements de colère se sont des hurlements de joie. Des larmes me montent aux yeux. Car en quelques secondes j’ai vu la fin de mon aventure. Cela a durée 2h30.
Trop émotions, de fatigue, je reste uniquement en J2. Je me fais un méga plat de pâtes et je passe une nuit tranquille à récupérer.

Dimanche 6, j’arrive dans la zone de transition de la dépression venant du Nord. Le vent souffle à 20 avec des pointes régulières à 26, 27N. Je n’ose même plus remonter ma GV de peur de la déchirer.

Mardi 8 Boldmove me reprend plus de 300Nm, il est hors de question qu’il me repasse devant, avec une angoisse, je remonte enfin ma GV, tout se passe bien, ouf!!! Gros soulagement. Dans l’après midi, un couple de pailles en queue tourne autour du bateau en chantant. C’était marrant d’observer ce ballet. Est-ce qu’il y avait un lien avec la déco de Seasun.???

Mercredi 9 nuit tranquille, le vent est toujours aussi fort 26, 27N, journée fatiguante dans une mer démontée.

Jeudi 10 nuit tranquille également, la journée s’annonce propice au spi. Pendant plus de deux heures, je fais des surfs jusqu’à 13,7 un vrai régal et de nouveau un grain. Le bateau part au tas. Affalage d’urgence, obligé d’utiliser le winch pour ramener le spi. C’est la première fois que je galère autant. Résultat : une déchirure d’un bon 1m sur 30.

Samedi 12 : conditions pas terribles, je reste GV 2ris et J2 1 ris.

Dimanche 13 encore une journée difficile avec un empannage intempestif dans un grain de + de 30N. La bôme fait un aller retour dans un fracas. C’est la seule fois que je la bloque différemment , pas de chance, déchirure de la GV sur 50, 60cm au dessous et au dessus du 2ème ris. J’affale. J ’appelle Corinne pour des conseils de pro. C’est parti pour le scotch. La voile tient toute la nuit.

Lundi 14 les réparations ne tiennent plus. J’affale pour la 2ème fois. Toujours sur les conseils de Corinne (il faut faire chauffer la colle, pisse dessus !!!) J’arrache tous les scotchs. Je prends mon temps. Je fais chauffer ma bouilloire et je repasse un à un les nouveaux scotchs. La différence est flagrante. Les scotchs ont l’air de tenir mieux. Nouveau grain jusqu’à 32N.

Mardi 15 je redescends pour la 3ème fois la GV quelques longueurs récalcitrantes se décollent. Le rouleau est presque vide. Je renforce de 2, 3 morceaux et surtout je fais chauffer la colle ce qui permet de tenir jusqu’à la fin.

Mercredi 16 La nuit reste agitée si bien que je passe une nuit blanche. La journée reste correcte dans l’ensemble, malgré le vent toujours capricieux avec ses rafales imprévisibles, le vent reste constamment au dessus de 20N. Le vent se met à refuser si bien que je cap sur Sainte Luce. Mon dernier routage m’amenait directement à l’Ilet Cabrits. Et là je prends 4h de plus. Trop les boules, je mets les voiles en ciseaux et direction sud Martinique dans une mer houleuse. Il est très difficile de naviguer dans ces conditions. De plus en plus, je ressens la fatigue. Les yeux me piquent à force d’être concentré sur le compas. Les quelques écarts de degrés font claquer parfois le J2. La barre est dure. Les épaules commencent à se tétaniser. Il reste encore une dizaine de mille pour passer l’ilet Cabrits. Le vent est toujours présent avec ses sauts de vents. Je passe la pointe. Je prends un ris. Le vent et les rafales sont toujours conséquentes. Je ne peux pas prendre le deuxième ris, elle reste trop fragile. Je décide de l’affaler et de continuer sous J2 seul jusqu’à l’arrivée.
Voilà le principal est de croire dans ses rêves. Il faut savoir placer ses objectifs, ses ambitions et surtout connaître ses limites car vous n’aurez jamais raison contre dame nature. Respecter là et elle vous respectera

Merci encore à tous ceux qui m’ont suivi, encouragé, félicité dans cette aventure.

Une dernière page se ferme avec Seasun avec lequel j’aurais passé 8 ans de plaisir à naviguer dans une sérénité indéfectible. C’est un bateau qui m’a toujours impressionné dont je ne connaîtrai toujours pas les limites. Je souhaite à son heureux et nouveau propriétaire de très belles navigations, il doit l’attendre avec impatience.

Pascal a réalisé son rêve : terminer une transquadra dans le classement. Il arrive 17 ieme sur 24 participants solos partis de Lorient : c’est bien !

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