Article du Télégramme publié le 13 février 2020

Mis à l’eau il y a une semaine, le premier Virgin Mojito 888, du chantier trégunois IDBmarine, a fait sa première sortie en mer dimanche. Sa particularité : il a été réalisé en fibre de lin.

Denis Bourbigot, du chantier IDBmarine, et Laurent Lecorchet, le propriétaire du bateau. Pour eux, pas de doute : la fibre de lin a de l’avenir dans la plaisance. (Le Télégramme/Olivier Desveaux)

« Ce bateau, c’est un peu le mouton à cinq pattes… ». Tant Laurent Lecorchet, le propriétaire du premier Virgin Mojito 888, que Denis Bourbigot, le patron du chantier IDBmarine, de Trégunc, en sont convaincus : ce voilier est une petite révolution dans le monde de la plaisance. Sa particularité : il a été construit en fibre de lin.

« Une double aventure humaine »

À l’origine de ce projet, « une double aventure humaine, et des rencontres », raconte le Quimpérois Laurent Lecorchet. « Avec Denis et Pascal, d’abord, les responsables du chantier, chez qui j’avais fait construire mon précédent voilier. Ces gars-là cultivent un certain art de vivre ». Et puis, il y a eu la rencontre avec Roland Jourdain, à l’occasion du Tour de Belle-Ile. « Il m’a alors parlé de ses projets autour de la fibre de lin, avec sa société Kaïros ».

Coïncidence, au même moment, Denis Bourbigot s’apprête à proposer à Laurent Lecorchet d’intégrer quelques pièces en fibre de lin à son nouveau bateau, là encore via la société concarnoise Kaïros. « C’est là qu’on s’est dit : pourquoi s’arrêter à quelques pièces ? », note Laurent Lecorchet. Banco ! Tous sont d’accord pour relever le défi : construire un Mojito 888, ce voilier de série lancé en 2013 par IDBmarine, sur des plans de Pierre Rolland, totalement en fibre de lin.

Pour ses concepteurs, le Virgin Mojito 888 est un bateau éco-responsable. (Le Télégramme/Olivier Desveaux)

Lin, liège et mousse PET

Passé les réglages techniques, Denis Bourbigot l’assure : « Ce matériau se travaille de la même manière que les fibres synthétiques ». Avec des avantages certains. « Pour les conditions de travail, c’est incomparable : la poussière n’est pas agressive, comme avec la fibre de verre ».

Constructeur et propriétaire le soulignent : « C’est un bateau éco-responsable ». De fait, le matériau de base ne vient plus de Chine, mais de Normandie, avec une empreinte carbone nettement moindre. Le feutre a été remplacé par du liège, et la mousse Corecell par de la mousse PET, à base de bouteilles en plastique recyclées. « Tout vient de France, et est conçu avec des emplois locaux », appuient-ils. À cela s’ajoutent des panneaux solaires pour recharger les batteries et une annexe qui fonctionne avec un moteur électrique. « Il n’y a que le moteur du bateau qui fonctionne au diesel, explique Laurent Lecorchet. Mais pour des raisons de sécurité, pour sortir et entrer dans le port »…

«Si les petits chantiers comme le nôtre ne font pas d’effort, les grands ne suivront pas ».

« Le lin a de l’avenir »

À l’arrivée, ce Mojito 888, auquel le petit nom « Virgin » a été ajouté, est un peu plus lourd que son grand frère (plus 5 %), mais « il reste très performant ». « Et puis il est confortable, épuré, échouable, avec sa quille relevable », note Laurent Lecorchet. Quant au prix, il est supérieur de 4 à 5 %. « Mais le lin a de l’avenir, assure Denis Bourbigot. Et plus il y aura de volume et de demande, plus les coûts vont diminuer. En espérant que ça fasse des émules. Si les petits chantiers comme le nôtre ne font pas d’efforts, les grands ne suivront pas ».

Mercredi soir, dans l’arrière-port, une cérémonie était organisée, rassemblant tous les partenaires de cette belle aventure. Le bateau, baptisé Mach 80, est maintenant prêt à prendre son envol et à rejoindre son port d’attache, à Bénodet. « Mach 80, ce qui correspond à 80 % de la vitesse du son », explique Laurent Lecorchet en guise de clin d’œil à sa profession de pilote de ligne.

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