Mon pilote s’est toujours appelé Raymond…

 

Mon premier pilote fut un AT50 de chez Plastimo et cela n’avait pas grand chose à voir avec ceux qui équipent maintenant les Malango et Mojito.

Il tenait le bateau par beau temps au prés, et décrochait facilement au portant… bref… une aide, mais surtout au moteur en fait.

Aujourd’hui, les coûts ont certes augmentés mais les pilotes sont quasiment au niveau de ce qui permet aux avions de voler….(désolé Laurent !)

Les pilotes B&G que nous montons sur les Malango, Mojito ou Maxi (mais aussi NKE sur les Maxi 650) sont capables de tenir les bateaux sous spi dans la brise souvent mieux que les barreurs eux mêmes….

Alors un pilote c’est quoi maintenant ?

C’est avant tout un calculateur qui va déterminer en permanence la correction de barre nécessaire pour tenir une consigne.

Cette consigne peut être :

    • un cap (on parle de mode AUTO) : le pilote reste sur le cap indiqué
    • un angle de vent (on parle de mode WIND) : le pilote maintient un angle de vent constant
    • un waypoint (on parle de mode NAV) : le pilote corrige pour arriver sur le waypoint les effets de dérives dus au vent ou au courant par exemple
    • une route (on parle de mode NO-DRIFT) : le pilote corrige pour rester sur la route

Pour cela le calculateur a besoin de données d’entrée (capteurs) :

Mode Cap :

    1. un compas magnétique ou,
    2. un gyrocompas, souvent 3 axes, qui mieux qu’un compas magnétique donne une direction stable et précise et avec une déviation minime en fonction de la direction suivie ou,
    3. un GPS HF,
    4. un détecteur d’angle de barre.

La solution la plus efficace reste le gyrocompas, du type puce électronique que l’on retrouve sur nos smartphones…

Mode Vent :

    1. une girouette – anémomètre,
    2. un capteur de vitesse du bateau,
    3. un capteur de cap, (voir mode cap)
    4. un détecteur d’angle de barre,

Je vous épargne le calcul du mode vent réel en fonction de la mesure du vent apparent (angle et vitesse), puisque le calculateur s’en charge…

Mode Nav ou No-drift 

    1. un GPS pour entrer un waypoint ou une route.
    2. un capteur de vitesse du bateau,
    3. un capteur de cap, (voir mode cap)
    4. un détecteur d’angle de barre.

Et puis le calculateur a besoin d’un moyen d’action pour actionner la barre :

    1. un vérin hydraulique,
    2. un moteur électrique.

Ah oui tout de même…

Bon… ne paniquons pas… les systèmes sont maintenant éprouvés, plutôt fiables et simples à mettre en oeuvre surtout avec la norme NMEA 2000.

Mais ce n’est pas idiot de se rendre compte de tous les paramètres (et je ne les ai pas tous cités) que ces petites bêtes intégrent pour comprendre le comportement du pilote mais aussi le coût d’une telle installation.

Votre pilote va se résumer – pour vous – par une commande simple et un écran qui indiquera les consignes et les principaux paramètres.

Côté schéma cela ressemble à quoi ?

Eh bien voila sur le Mojito 27 ce qu’il en est.. et cela ressemble à ce que nous montons sur tous les bateaux actuellement.

    • rep 1 : le calculateur – Ici un NAC 2 – Il reçoit, via le réseau NMEA 2000, les données suivantes :
      • rep 2 : le cap via le compas gyroscopique Précision 9
      • rep 4 : l’angle de barre
      • rep 5 : la vitesse et direction du vent apparent
      • rep 6 : la vitesse surface du bateau
      • rep 7 : la vitesse et cap GPS du bateau
    • rep 3 : le moteur qui va barrer – ici un vérin électrique LD11 de chez JEFA
    • rep 7 et 8 : les interfaces de commandes du pilote
    • rep 9 : l’affichage des données de pilotage (un des écrans Triton2 qui bascule automatiquement en mode « pilote » dés que ce dernier est activé)

On voit bien avec ce schéma l’imbrication intime du pilote et du système de navigation global. La force du réseau NMEA 2000 est de faire cohabiter tous ces appareils entre eux et de partager intelligemment les données de manière standard (tout équipement NMEA 2000 est compatible).

Le moteur du pilote est alimenté directement par le calculateur qui lui envoie deux types d’informations :

    1. le mode enclenché ou non (on appelle cela le clutch). Ce mode correspond au passage du mode stand-by au mode embrayé du pilote : la barre est alors controlée par le pilote.
    2. les ordres de barres qui jouent sur le développement linéaire du vérin qui va agir directement sur un des safrans.

Et à bord ?

Je vais illustrer le montage avec celui réalisé sur un Mojito 888.

Sur cette première vue, prise dans le coffre AR Tb, on voit la mèche de safran, et ensuite :

    • rep 1 : la tringlerie de liaison avec la barre centrale
    • rep 2 : le bras de mêche pour la tringlerie de barre
    • rep 3 : le bras de mèche pour le pilote
    • rep 4 : le moteur du pilote (ici dans la position barre au centre)
    • rep 5 : le détecteur d’angle de barre.

Sur cette deuxième vue, on voit :

    • rep 6 : le compas gyroscopique Précision 9
    • rep 7 : le calculateur NAC2

Je m’en sers comment ?

Ne nous leurrons pas.. vous utiliserez essentiellement le mode AUTO et quand vous progresserez, le mode WIND. Les autres modes sont anecdotiques.

Dites vous aussi une chose : le pilote obéit à des consignes. Le pilote ne règle pas les voiles du bateau ni ne fait la navigation !

Donc quand on met le pilote en route :

    1. on sait où on veut aller
    2. le bateau est réglé correctement pour y aller.

1 – Où on veut aller : 

Le pilote vous obéit aveuglement et vous fait confiance… il ne va pas vérifier si d’autres bateaux se mettent en travers ou si un caillou se situe sur la route.

2 – Réglage du bateau :

Raymond consomme. Certes de l’électricité, mais c’est une denrée précieuse à bord d’un voilier et il faut optimiser cette consommation.

Aussi on ne lui confie la barre que si le bateau est équilibré sous voile. 

En mode équilibré, Raymond consommera environ 2-3 a/h suivant l’état de la mer. Autrement…en mode délinquant, il risque de jeter l’éponge ou de faire sauter les plombs !

Mais si vous tenez compte de cela, Raymond est un équipier fiable, sobre, attentif, discret. C’est pas mal non ?

Mise en oeuvre :

Commençons par une petite vidéo… elle explique déjà pas mal de choses.

Bon, la vidéo met bien le pilote en situation mais regardons de plus prés  l’afficheur Triton quand le pilote est enclenché :

Il vous indique déjà plein de chose ! Le mode low ou high correspond à une gestion du gain du pilotage par rapport à une vitesse de transition qui est celle du planning. En deça de 7 nds, on est en mode low, au dessus on passe automatiquement en mode high.

 

Ensuite regardons le clavier de commande :

Ce clavier intégré sur la barre comporte pas mal d’astuces !

Bien sur on peut régler la consigne en appuyant sur les touches <10 <1 et 10> 1>

Mais les 3 autres boutons sont intéressants !

Changement de mode de pilotage :

La vidéo vous a montré comment passer du pilotage en mode AUTO (cap) au pilotage en mode WIND (vent). Eh bien si on maintient la touche MODE plus de 3 secondes, on passe en mode NAVigation. Cela implique que vous ayez défini un waypoint et le mode navigation sur votre GPS (GOTO waypoint).

Virement de bord (mode Cap ou mode Vent) :

En mode Cap (AUTO), appuyez sur les deux touches (<10 & <1) (Babord) ou (10> & 1>) (Tribord) pour faire un changement de cap de 90 °.

En mode vent (WIND), appuyez sur les deux touches ( <1 & 1) pour demander le virement de bord ou l’empannage : le pilote saura de quel côté aller !

Cet écran s’affichera alors pour proposer le virement (ou empannage). Vous pouvez valider  :

      • Sur le Triton (fléche pour choisir l’option et validation)
      • Sur la commande de barre : AUTO pour validation et STBY pour annulation

Réglages du virement de bord :

La durée du virement de bord, l’angle du virement de bord peuvent être réglés via le menu ParamètresPilote Auto

Cependant, allez y avec délicatesse dans ce genre de réglages… ceux par défaut sont déjà efficaces.

Conclusion :

Raymond a bien évolué depuis l’AT50… c’est maintenant un équipier en qui on peut avoir confiance, et qui vous surprendra pour peu que vous fassiez attention à la consommation électrique du bord.

Ah oui… pourquoi Raymond….. parce que Raymond Barre !

 

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11 commentaires

    • Oui virement ou empannage en fait c’est la même chose car le pilote détermine cela en fonction de l’angle du vent.
      Enfin il demande toujours une validation aprés la demande faite au clavier (il faut valider en appuyant sur AUTO).

  1. Vraiment top! Mode wind quand on remonte au vent et mode auto au portant?
    Un tuto sur les voiles. Quelle gamme de vent en direction et force pour la GV? Auto vireur? Génois? Code 0? Spi asy et symétrique?

    • Non, le mode Wind marche dans tous les cas – A noter que le calculateur travaille avec le vent réel au portant plutot que le vent apparent pour amortir les accélérations au planning.

      Mais attention au mode Wind : si le vent tourne, le bateau suit ! Donc à éviter dans un régime de vent fluctuant !

      Noté pour les voiles !

      • Bonjour,
        Mille mercis une fois de plus à Pascal pour ces tutos. Le pilote que j’ai à bord de Loarwenn date de 2006 – 2007. Il y a sûrement eu des évolutions depuis. J’en fait une grande utilisation car je navigue souvent en solitaire ou à 2. , Voici quelques retours d’expérience :
        -1) sur le plan technique, j’ai un compas Simard RC42. Ce n’est pas un compas gyroscopique mais un compas à senseur « flux gate ». C’est à dire, sans entrer dans les détails techniques, que je comprends qu’il mesure le nord magnétique, pas le nord vrai. Pour ceux qui naviguent en Bretagne, la déclinaison est du même ordre de grandeur que la précision de quelques d° du compas. Cela n’a pas beaucoup d’importance.
        -2) le pilote est vexant car il barre très bien. Il faut dire qu’une fois sous pilote, on peut prendre son temps pour régler les voiles, l’œil rivé sur le speedo, notamment en mode vent. Cela peut faire la différence. Il n’y a qu’au portant avec mer par l’arrière qu’on barre mieux que le pilote. Le barreur sait anticiper pour éviter le départ au lof en abattant un chouïa juste avant la crête de la vague, le pilote réagit une fois le départ au lof amorcé ce qui conduit à une succession d’accélérations et de coups de frein . La vitesse moyenne est supérieure avec le barreur, plus régulière et les surfs durent plus longtemps. On peut aussi augmenter le gain, mais je ne le conseille pas car le pilote devient brutal et la consommation électrique monte en flèche.
        -3) j’ai mis longtemps (plusieurs années !) à comprendre que ce n’était pas le pilote qui mettait le bateau en rotation pour la calibration du compas, mais qu’il fallait le faire soi-même :-). Pourtant, le mode d’emploi est clair sur le sujet !
        -4) les virements de bord et empannages fonctionnent très bien. Les paramètres par défaut prévoient un virement en 12 secondes. Cela donne du temps pour border le génois une fois qu’il passe. Comme je n’ai pas de génois mais un foc auto-vireur, c’est long, très long. J’ai ramené la durée du virement à quelques secondes (je suis confiné et n’ai pas Loarwenn sous la main pour vérifier). Du coup, il faut faire fissa pour empanner, ce qui n’est pas un mal en soi car les ennuis arrivent lorsque l’on prend trop de temps pour empanner.
        Portez-vous bien et prenez soin de vous et de vos proches !
        Amitiés,
        Philippe

        • Merci Philippe !
          Je suis d’accord pour ce qui est de la durée de virement qu’on peut réduire à 9 seconces… avec un peu d’entrainement pour l’empannage ..
          Concernant le portant c’est moins évident surtout si on est en mode vent car le pilote bascule alors en mode vent réel (il est en mode vent apparent pour les allures de près) et il anticipe assez bien les accélérations / freinages.
          Pour info sur le H5000, le pilote prend en compte également la gîte du bateau pour optimiser la conduite.
          Naviguez confinés !

  2. Ah ah bonne remarque !
    En effet ton moteur de pilote intégre ce fameux détecteur d’angle de barre d’où le fait que tu n’aies pas de détecteur d’angle de barre externe.
    Jefa diffuse en effet un moteur de pilote seul ou avec détecteur d’angle de barre compatible NKE ou B&G. Plutot que de gérer 3 configurations de moteurs (ce que j’avais commencé à faire) j’ai préféré rester sur un moteur simple auquel j’ajoute le détecteur d’angle de barre adhoc.

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