Histoire

Pouvoir se poser est une des fonctions clefs des Malango ou Mojito que réalise le chantier Idbmarine.

Mais en réalité, cette fonction n’a pas été considérée de prime abord.

C’est lorsque la quille relevable est devenue une évidence pour concilier performances et tirant d’eau acceptable dans les ports, que l’idée a germé de poser le bateau sur sa quille relevée, comme d’autres unités plus petites le faisaient déjà.  Ensuite, la complexité de mise en oeuvre des béquilles latérales nous a vite fatigués et les solutions des béquilles intégrées des Kelt 707 et 760 mais aussi celles du JNP12 nous ont poussés vers la solution que nous implémentons actuellement.

Les béquilles du Kelt 707

Les béquilles du Kelt 707

Le principe

Donc le bateau pose sur sa quille (relevée ! ) et la stabilité longitudinale est parfaitement assurée. Le poids est donc réparti au sol sur la longueur de la quille. (On reviendra sur ce point un peu plus tard). Reste donc à maintenir le bateau droit !

Vous avez pu voir des unités bi-safrans dériveurs lestés qui se stabilisaient en posant sur les safrans… les pauvres ont beaucoup souffert et l’échantillonage de ces derniers en faisait plus des safreins que des safrans tellement ils étaient épais… mais sur des unités sans visées de performances pourquoi pas.

Les Malango et Mojito ont des objectifs de performances incompatibles avec cette solution et les béquilles deviennent donc le seul principe acceptable.

La solution

Les béquilles latérales sont donc là uniquement pour stabiliser l’assiette transversale et ne supportent pas le poids du bateau. Une fois posé, les safrans sont à environ 10 cm du sol.

La solution technique retenue est celle d’un fourreau qui part du fond de coque pour arriver dans le cockpit, dans lequel va coulisser la béquille. 

La béquille est en deux parties jonctionnées par un pas de vis, la partie basse (du fond de coque au cockpit) restant toujours à poste dans le fourreau, la partie supérieure se rangeant dans un coffre.

La béquille est bloquée en position haute ou basse dans son fourreau par une goupille qui traverse la béquille et son fourreau au niveau du cockpit. 

Enfin un patin en partie basse de la béquille augmente la portance de la béquille sur le sol et vient en position haute s’encastrer dans une réserve en fond de coque pour ne pas perturber l’hydrodynamisme de la carène. Une astuce permet à ce patin de passer d’une position plutôt inclinée (celle de la coque) à une position quasiment horizontale lors de la pose.

Le Malango 999 YEC'HED MAT à Sauzon

Le Malango 999 YEC’HED MAT à Sauzon

La réalisation

Les béquilles sont une option qui doit être définie dès le lancement de la réalisation de la coque. Déjà à ce stade, des inserts dans le moule de coque permettent de prévoir les empreintes des patins de béquilles.

Ensuite, lors de la structuration de la coque, les fourreaux – en PVC stratifié – sont mis en place et intégrés à la structure (stratification). Ces fourreaux intégrent des tubes en POM-C pour améliorer la glisse des béquilles.

Enfin après le pontage, les trappes d’accès sont mises en place puis les béquilles ajustées. Ces béquilles sont réalisées spécifiquement en aluminium épais pour Idbmarine par la société FACNOR. Arrivées chez Idbmarine, on y ajuste les patins puis on les présente dans les fourreaux pour réaliser les trous pour mettre en place les goupilles de blocage. Il y a un percement dans le haut du fourreau et deux sur les béquilles (position haute ou basse) Ceux des béquilles ne sont pas dans le même alignement : c’est là que réside l’astuce évoquée auparavant. En tournant les béquilles d’environ 120 ° lors de la descente, l’inclinaison du patin va notablement diminuer.

Sémantique : échouage n’est pas échouement !

Le premier est volontaire alors que le second est fortuit !

L’échouage est généralement lié à la marée qui permet de poser le bateau sur une grève. 

L’échouement est le résultat d’une mauvaise manoeuvre ou navigation qui peut aboutir à une situation scabreuse voir funeste. Mon ami Dominig ne m’en voudra pas d’utiliser cette photo… L’histoire s’est bien terminée heureusement pour lui et son bateau !

La mise en oeuvre de l’échouage

Enfin le vrai sujet du tuto : mais comprendre l’histoire des béquilles permet de mieux cerner les règles à respecter pour se poser. 

Préparation

L’échouage est une opération qui se prépare ! Au delà des autorisations potentiellement requises, il faut s’assurer de plusieurs choses ! 

Le terrain :

On va rechercher à se poser sur un sol plutot ferme, homogène et plan. Imaginez qu’il y ait un trou d’un côté du bateau….. Ceci dit il y a des endroits où il y a une telle hauteur de vase que le bateau peut se poser sur la vase sans béquilles. Le bateau flotte sur la vase en fait.

La météo : 

Il va sans dire que c’est une chose à faire par beau temps. Se prendre un coup de vent, une fois échoué n’est pas du tout conseillé car la stabilité du bateau peut être mise à mal par le fardage, mais aussi par les mouvements du sol sous les vibrations et oscillations du bateau. De même la mer doit être calme car l’échouage avec du clapot va provoquer des micro-talonnages qui sont autant de chocs pour la structure du bateau.

La marée :

C’est bien joli de s’échouer mais prenez soin de regarder l’évolution des coefficients de marée ce serait balot de se retrouver coincé sur la grève pendant un mois en attendant le retour de plus gros coefficients !

Le courant : 

Le bateau doit rester statique pour échouer correctement. Sur certains sites d’échouage (Sauzon par exemple), le bateau est tenu par des bouées devant et derrière : c’est parfait. Sur une plage où vous aurez mouillé, il est conseillé de prévoir un mouillage secondaire qu’on ira porter sur l’arrière du bateau. Ce mouillage arrière vous permettra également de vous dégager plus rapidement.

On va échouer ! 

On arrive sur la zone d’échouage : la quille est relevée, les voiles sont ferlées, le moteur en avant lente, sondeur en marche.

  1. On descend les béquilles. Pour cela on ouvre les trappes supérieures, et de chaque côté, on prend la rallonge adaptée (il y a une rouge et une verte !) et on la visse sur la partie basse. C’est en fait la partie la plus fastidieuse de la préparation.
  2. Une fois au dessus de la zone d’échouage, quasiment à l’arrêt, et tenu devant et derrière, on retire la trappe latérale puis on enlève la goupille en retenant la béquille (sinon elle va tomber brutalement). On la laisse glisser vers le bas en la faisant tourner sur son axe pour aligner le trou de la béquille avec celui du fourreau. A ce moment, on remet la goupille puis la trappe (qui empèche la goupille de sortir).
  3. On peut aussi beacher sur la plage : Dans ce cas on vient s’échouer doucement sur la plage en ayant mouillé une ancre à l’arrière. Une fois beaché, on ira porter une ancre sur lavant pour tenir le bateau.
  4. Maintenant il n’y a plus qu’à préparer un Mojito et prendre l’apéro en attendant que la marée fasse son travail ! S’il y a un peu de clapot, il y aura une petite période de talonnage qui permettra à la quille et aux béquilles de faire leur souille en s’enfonçant légèrement. 
  5. Prévoir un seau d’eau pour rincer ses pieds avant de remonter à bord.
Le Malango 888 Equinoxe et le Mojito 888 Averoen à la Corderie à Bréhat

Le Malango 888 Equinoxe et le Mojito 888 Averoen à la Corderie à Bréhat

Le Malango 888 Madness à Rivedoux

La mer remonte ! 

Vous sentirez facilement le moment où le bateau sera totalement libre. A ce moment là (sauf si vous restez encore une marée ou deux !), il faut préparer le retour en mer !

  1. Si on est échoué au mouillage, on aura pris soin de ramener l’ancre avant au droit de l’étrave avant que la mer remonte.
  2. Pour chaque béquille, on retire les trappes , puis la goupille. On relève la béquille en réalisant des mouvements de va et vient verticaux pour retirer le sable qui pourrait gêner la mise en place du patin dans sa réserve. Une fois en haut, on positionne le trou de la béquille en face de celui du fourreau en tournant la béquille, puis on remet la goupille en place.
  3. On ferme les trappes et on range les rallonges dans les supports prévus.
  4. On peut maintenant se détacher des corps morts ou remonter le mouillage arrière pour se dégager de la plage.

La cale d’échouage

Sur les Malango 999/1045 et les Malango / Mojito 1088, vous avez pu remarquer une cale située sous la quille lors des échouages : mais pourquoi  ?

En fait la portance de la quille du Malango 999/1045 est plus forte en bas qu’en haut de la quille : la cale d’échouage permet de rapporter de la portance sur la haut de la quille pour éviter que le haut de la quille s’enfonce dans le sol. 

Pour les Malango / Mojito 1088 , si le profil de quille est constant, le déplacement du bateau reste relativement important (entre 5 à 6 tonnes en charge) et la cale permet de mieux répartir le poids du bateau sur le sol. 

Dans tous les cas, cette cale se met en place facilement par l’avant du bateau, les bouts de réglage venant se reprendre sur les taquets milieu. La mise en place est simple : on jette la cale à l’avant du bateau en la retenant par les deux bouts de réglage. La cale viendra se mettre sous l’effet de la gravité en place sous la quille et on amarrera les bouts sur les taquets milieu au niveau du repère qui aura été préalablement fait. La mise en oeuvre est trés simple et peut se faire en solo.

Le Malango 1088 Staccato aux Moutons (archipel des Glénan)

Le Malango 1088 Staccato aux Moutons (archipel des Glénan)

Une erreur à éviter 

Enlever la goupille sans avoir mis la rallonge !

  • Au mieux, il n’y a pas trop de fond et vous pouvez plonger pour récupérer la béquille. La remettre en place est cependant difficile à réaliser à l’eau.
  • Au pire vous êtes bon pour recommander une béquille au chantier.
  • Dans tous les cas, l’échouage est reporté !

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11 commentaires

  1. Merci Pascal pour ce tuto (et les autres), j ajouterai même le petit conseil de remplir un seau d eau avant la marée basse pour pouvoir se laver les pieds au retour à bord à marée basse. Petit erratum :Averoen et Équinoxe étaient au mouillage de la Corderie à Bréhat et non à l ile de Batz http://blog.idbmarine.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_smile.gifhttp://blog.idbmarine.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_smile.gif

  2. Ce serait bien mieux avec une vidéo….
    Et, surtout, surtout, on aimerait bien voir comment on met depuis le bord la cale sur la quille, et aussi (surtout ?) si on peut la positionner SEUL ou si l’équipage est indispensable pour ce faire et combien de personnes….
    Plus encore si on a décidé d’échouer dynamiquement sur une plage par exemple plutôt que d’attendre que la marée baisse embossé dans une ria.

    • Merci pour votre retour : j’ai actualisé le post en conséquence.
      La mise en place de la cale d’échouage est vraiment simple. Il y a plusieurs possibilité : attacher d’un bord et tendre de l’autre et facile en solo.
      Enfin on peut en effet s’approcher doucement de la plage pour s’échouer…. c’est encore plus facile.

  3. Pour ceux qui n’ont pas encore posé le canot, allez-y !! c’est bien comme ça qu’il faut faire !!
    Je confirme que la mise en place de la cale de quille s’effectue vraiment sans aucune difficulté (même si on a l’impression de faire ça à l’aveugle …). A deux, c’est immédiat, en solo, le mieux c’est d’avoir marqué préalablement sur les deux bouts l’endroit où les frapper sur le taquet d’embelle, comme ça on a toutes les chances de réussir sans tâtonner.

    Dans la série les erreurs à éviter si on peut (:-)) : éviter celle de se poser par un trop petit coeff et surtout de cumuler avec une pose « trop haute » ou « trop basse » car, dans les deux cas, c’est là que la vitesse de départ et d’arrivée de l’eau est la plus faible. Et dans ce cas les « petits talonnages » nécessaires à la constitution de la fouille (au posé) et ceux ressentis ensuite au levé peuvent durer un temps qui parait très (très !) long. Pour un posé (ou levé) par marée de vives eaux (coeff de 80/90) ce temps de stress dure en général une petite dizaine de minutes, par contre par coeff de 45, ou moins, ça peut aller jusqu’à la demie-heure !! et là, on a le temps de bien souffrir … ça n’en finit plus ! Ces temps sont ceux constatés en Bretagne Nord et Normandie.
    Mais à part ça, quel pied que l’échouage !
    JPh de KIVIK (Malango N° 16, né en mai 2014).

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