IDBmarine – chantier naval de Concarneau : ce concept « nous ouvre les portes de l’étranger »
Ouest-France. Publié le
Le chantier naval concarnois (Finistère) n’en finit pas de surfer sur le succès de l’étrave « scow » avec ses Maxi 6.50, leader en série sur le circuit Mini. Et lance le Mojito 32 en version scow d’après un moule en bois. Pour faire découvrir toutes les qualités du concept, l’entreprise lance BBscow, une société de location.
Entretien
Denis Bourbigot, patron d’IDBmarine.
Quoi de neuf pour le chantier naval IDB Marine ?
Nous lançons le Mojito 32 (9,80 m) destiné à la croisière rapide. Un vrai « scow », un bateau à étrave arrondie, qui est aujourd’hui la marque de fabrique du chantier. L’originalité du projet réside dans le fait que le moule pour la coque est en bois, en lamellé-collé, et non plus en résine.
Est-ce une manière de continuer à « verdir » l’entreprise ?
On utilise habituellement une préforme en bois dans lequel on moule du polyester à raison de 15 à 20 kg au m² sachant que pour le Mojito 32, la surface est de 52 m2. Le polyester n’est pas propre, plutôt toxique, et il est désagréable à travailler. Surtout, sa destruction en fin de vie est compliquée et onéreuse. On le retrouve notamment après sur les routes. Ce n’est pas génial au niveau du bilan carbone. Du coup, comme nous ne produisons pas de façon industrielle, nous n’avions pas forcément besoin de ce procédé. Le moule en bois est un pari mais outre l’avantage écologique, les salariés d’IDB Marine se sont éclatés à le fabriquer.
Pourra-t-il être réutilisé ?
Le moule polyester permet de fabriquer environ 200 pièces. Avec le moule en bois, près de 60 bateaux. Ce qui est notre objectif de production pour le Mojito 32. Car la demande est énorme pour le « scow » (étrave arrondie). C’est l’avenir. Avec cette carène magique, le volume intérieur est colossal. Le bateau va vite et ne mouille pas. C’est une alternative aux foils qu’on ne verra jamais sur des bateaux de croisière.
Passer de l’étrave pointue à l’étrave arrondie n’avait rien d’évident. Le défi est relevé ?
Le choix du « scow » est un pari gagnant haut la main. Non seulement le concept est devenu notre marque de fabrique mais nous sommes désormais référencés comme le seul chantier à faire des bateaux avec une étrave scow en série en France mais aussi dans le monde. Le Maxi 6.50, lancé en 2018, vendu à 60 exemplaires, est devenu le bateau référence sur le circuit 6.50 en Mini. On gagne l’ensemble des courses et les deux dernières Mini Transat en 2021 et 2023 en série. Lors de la première course de la saison 2024, la Plastimo Lorient Mini, on place 18 bateaux sur les 18 premiers…
Un succès économique à l’égal de la gamme Mojito avec sa vision panoramique lancée en 2014 ?
Le concept « scow » est une carte de visite qui nous ouvre les portes de l’étranger. On a déjà des commandes pour le Mojito 32, toujours sur les plans de David Raison, dont le premier exemplaire sera mis à l’eau début 2025, dont une qui vient des États-Unis et même une du Brésil ! Ce concept scow et la vision panoramique, portent vraiment l’image du chantier. Nous avons beaucoup de demandes de renseignements.
Fini pour vous les bateaux à étrave pointue ?
Le Mojito 8.88 en version pointue, avec sa vision panoramique, son tunnel d’annexe et sa quille relevable, reste indémodable. Nous en sommes à la 40e unité produite.
L’utilisation de la fibre de lin fait-elle aussi partie de votre volonté d’inscrire le chantier dans le durable ?
Nous produisons depuis 2018 tous nos bateaux en série (Mojito 8.88, 6.50 et 32) à 90 % en fibre de lin, pont et coque y compris. Depuis la crise du Covid-19, la demande est énorme. Les gens viennent aussi chez IDB Marine pour cela.
Vous vous lancez dans la location ?
Pour faire découvrir le scow, nous venons de créer, début 2024, Bébé Scow, une société de location de bateaux. Nous proposons pour l’instant un Mojito 6.50 à la location, au week-end ou à la semaine. Nous avons aussi développé une activité entretien, hivernage et refit sur les bateaux produits par le chantier. Cette activité est en très forte hausse.
En tant que chantier naval concarnois, que doit prioriser selon vous le futur aménagement du port ?
Une zone technique pour la manutention. Elle est pour l’instant fléchée quai des Seychelles entre l’entreprise JFA et le Passage du Bac. Dans le cahier des charges du plan d’aménagement, cette zone doit aussi servir à la petite pêche. On l’attend avec impatience.
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